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LES JEUNES ET LES FEMMES DANS LA PENSEE DE SEYDI EL HADJI MALICK SY

LES JEUNES ET LES FEMMES DANS LA PENSEE

DE SEYDI EL HADJI MALICK SY

Mame Fatou GUEYE

  1. Introduction :

Du fait que l’action des autorités coloniales avait provoqué des changements d’une grande envergure, des mouvements populaires et religieuses naissent ici et là particulièrement dans l’entourage de grands érudits tels Cerno Souleymane BALL, Almamy Abdel Kader KANE, et Amadou Cheikhou…..au fouta ; Abdoulaye NIASS, Ahmadou Bamba et El hadj Malick SY, en pays wolof…. Pour ne citer que ceux-ci. En effet les marabouts de la trempe de Tivaouane ont représenté auprès des masses de l’idéal d’une sagesse très populaire. Ces réactions de la part de ces hommes de Dieu déjà si adulés par leurs disciples, ne pouvaient manquer d’augmenter leur auréole. Cependant ces faits ne dataient pas uniquement de la période coloniale1. En effet nous dit COULON, l’histoire sénégalaise serait riche en ces périodes dans lesquels, les marabouts avaient fait figure de champion de la liberté contre la tyrannie des princes africains.2 Cependant la pénétration et la domination coloniale de l’époque d’El hadj Malick SY, avaient suscité un grand élan à la fois religieux et populaire.3

C’est comme si ces zawiyas constituaient une volonté de se démarquer du pouvoir temporel ; c’est ainsi que les marabouts se devaient de créer les remparts derrières lesquels allaient se cacher les disciples qui se sont rangés derrière leur bannière.

A l’instar des autres marabouts de son époque le fondateur de l’université populaire de TIVAOUANE aura consacré une partie importante de sa vie et de son œuvre à l’instruction des disciples en général, mais aussi des jeunes et des femmes. Voyons comment et jusqu’à quel point ?

Le Cheikh a, en réalité, consacré son temps, tout au long de sa vie à l’enseignement donc à la formation des jeunes dans les différentes Daara qu’il initiait lui-même. Ndiarndé, Diacksaw et Tivaouane pour ne citer que celle-ci. Ses talibés étaient formés à toutes les sciences leur ouvrant les portes de l’avenir.

Loin d’être un conservateur, El Hadj Malick SY aura été un homme de toutes les époques « soucieux d’adapter l’islam à son époque, à son milieu, et à la mentalité de son peuple », tout en défendant le message divin. Voyons d’abord la part réservée à l’élément féminin.

Cependant, il serait peut-être important de définir l’identité de cette créature divine. Avant de voir comment elle est interpellée dans les écrits d’El Hadj Malick SY.

Qui est la femme ?

  • Elle est d’abord le support de la création : elle a, en effet, la mission noble de mettre au monde après avoir porté pendant plusieurs mois son enfant dans sa matrice, d’allaiter, mais aussi d’être le premier maître de l’enfant : elle est donc la tendre maman ;

  • Elle est l’associée, la partenaire, la douce moitié, donc l’alter égo de l’homme avec qui elle doit partager joie et peine, conformément aux prescriptions divines.

  • Elle est la maitresse de la maison, chargée de veiller sur les biens de son époux, mais aussi la santé des enfants.

  • Elle est la tante (paternelle ou maternelle), bref elle est la moitié de l’humanité ou plus, qui a mérité, du fait, du rôle hyper-important qu’elle a à jouer dans la société, d’avoir une sourate en leur nom4 et d’autres sourates traitant des problèmes des femmes.

  • Elle est aussi le premier chemin qui mène au paradis. En effet, un hadith du prophète ne dit-il pas que l’accès au paradis est subordonné à la satisfaction des mamans, ou « Al jannatu tahta aqdâmil Ummahâti ».

  • La femme est enfin l’expression d’une volonté sublime à laquelle Dieu invite à tous les hommes sans exception, qu’il s’agisse de savants ou d’ignorants, de chefs ou de subordonnés. Ses recommandations envers cette volonté s’inscrivent de façon claire et explicite dans les versets suivants de la sourate Luqmân : « nous avons expressément recommandé à l’homme ses père et mère : sa mère s’étant exténuée le portant, puis le mettant au monde, son servage n’ayant lieu qu’au bout de deux ans. Sois reconnaissant lui fût-il prescrit aussi bien envers moi qu’envers tes père et mère ! C’est vers moi que vous serez ramenés.5 »

  1. La place de la femme dans les écrits d’El hadj Malick SY :

En ce qui concerne les femmes, El Hadj Malick SY a été un défenseur de leurs causes, notamment dans un de ses derniers écrits intitulés « Kiâya Ar-raghibîn6 », le Cheikh dénonce la polygamie excessive et stipule que l’homme ne doit pas dépasser la limite accordée par la religion islamique. Le chapitre I de cet ouvrage de « fiqh » met l’accent sur quelques pratiques devenues très courantes dans notre pays, et qui consiste sous le couvert de la religion, à se permettre d’épouser plus de quatre femmes libres7. Il évoque aussi le cas de la femme enlevée, mais aussi de celle qui a été répudiée trois fois : il n’était pas licite d’avoir des relations avec elle, ni non plus se permettre d’épouser deux sœurs utérines ou consanguines. El hadj Malick SY, évoque six cas de relations qui avaient tendance à rabaisser la femme, à lui manquer de respect, enfin à refuser de respecter ses droits. Ce rappel aux ordres divins, s’adressant de surcroit, à des gens qui se disent musulmans, ne peut que nous conforter dans l’idée que la situation de la femme est bien incluse dans la pensée de Maodo.

De la même manière, il dénonce des faits et des pratiques qui étaient devenus courants à son époque : le fait d’épouser une femme en veuvage et cela d’autant plus que c’était des gens qui se réclamaient de l’islam qui le faisaient, interprétant en leurs convenances les versets du Saint Coran.

Par ailleurs, dans son panégyrique consacré au Meillieur homme de Dieu, le prophète Mouhamed PSL « Khilazuz- zahab », ou « l’or contrôlé » pour reprendre les paroles de Serigne Abdoul Aziz Al Amine8. El hadj Malick SY évoque les ancêtres du prophète hommes et femmes ; il parlera de la mère et du père du prophète PSL. Il évoquera les femmes de Mouhamed nommées « mères des croyants », et aussi toutes les femmes qui ont porté le nom de Fatima et des femmes du nom d’Atika (9 femmes), qui faisaient partie de la lignée ascendante de Mouhamed. N’était-ce pas là une manière de souligner le rôle important que la femme a toujours joué dans l’islam.

Toujours dans ce même ouvrage9, l’auteur dénonce une autre pratique chez les femmes, cette fois-ci qui se regroupent pour chanter à haute voix, ce qui est interdit. En effet même l’appel à la prière et la récitation à haute voix leurs sont interdits, car la voix de la femme est considérée comme « awra », c’est-à-dire une partie intime. De même qu’il dénonce la pratique courante qui consiste à porter des habits trop moulants ou des foulards de tête trop voyants et proéminents jusqu’à ressembler à des bosses de chameau, même marcher de façon provocante, au milieu de la rue, en se déhanchant, donnant des coups d’épaules par ici, lançant des clins d’œil par là. Tout cela est interdit aux femmes musulmanes. Alors qu’à notre époque, ces pratiques semblent avoir été adoptées, au point qu’elles sont maintenant inclus dans nos mœurs10.

Il y a lieu de préciser que notre recherche n’a pas été exhaustive du fait de contrainte de temps, qui ne nous ont pas permis de parcourir la totalité de l’œuvre de Maodo. Donc ce travail sera nécessairement approfondi ultérieurement. Mais nous avons tenté de faire part de quelques passages qui concernent les femmes et les jeunes.

Toujours dans son ouvrage « Khilâzuz-zahab » El Hadj Malick évoquera les tantes du prophète PSL, bref tout ce que l’islam a pu compter de près ou de loin une quelconque parenté avec le prophète Mouhamed PSL. Toutes ces évocations parmi tant d’autres vont, sans aucun doute, dans le sens de souligner le rôle et l’importance que les femmes ont toujours eus, et cela depuis les débuts de l’islam. D’ailleurs, comme tous ses congénères, il commence ses poèmes par une entrée amoureuse en décrivant le monde ici-bas sous les traits d’une belle femme. Cette attitude est commune aux poètes en général et elle fut très usitée dans la période antéislamique. Ne démontre-t-elle pas l’importance accordée à la femme ? D’ailleurs parmi les trois choses que le prophète a toujours aimées, figurent les femmes11. El hadj Malick SY ne pouvait pas ne pas aimer les femmes.

Ailleurs, dans un autre poème intitulé « Zajr-Al-Qulûb » ou « avertissement », il nous semble que Maodo défend encore la cause des femmes quand il dit : « … mais il est répréhensible de mentir sa femme12… », alors qu’il accepte que l’homme ment si ce mensonge peut protéger un frère musulman en danger de mort. N’est-ce pas une manière éloquente de défendre la femme ?

Enfin dans son ouvrage intitulé « Fâkihatut-tullâb13 », il évoque le fait qu’il n’est pas obligatoire pour la femme de faire son « wird » en période de lochies ou de menstrues. Il démontrait par la même occasion que les femmes aussi avaient le droit de s’engager au même titre que les hommes. Elles avaient donc les mêmes avantages que les hommes.

Ces quelques citations tirées des écrits d’El hadj Malick SY montrent à quel point à la suite des hommes de Dieu qui l’ont précédé, il a contribué à la défense de la femme et de la réhabilitation de sa situation sociale. En abordant la question de la limitation des épouses. Il souhaitait réduire les préjudices moraux, sociaux, et matériels qui découlent le plus souvent de cette pratique. A la suite du prophète PSL, dans son message ultime, il recommande ses disciples de s’en limiter aux quatre épouses permises par le message coranique. C’était là une pratique que l’islam avait déjà prescrite, mais à l’époque, certains musulmans faisaient fi des prescriptions divines et donc vivaient dans un climat de licence, de débauche et d’illégalité portant préjudice aussi bien qu’aux épouses qu’aux enfants. Ce souci d’El hadj Malick SY de protéger la famille nous amène sans transition à parler de cette partie de notre exposé réservé à la part de la jeunesse dans ses écrits.

  1. La place des jeunes dans les écrits de El Hadji Malick SY :

Ainsi, El Hadji Malick SY commence par recommander aux jeunes, l’instruction conformément à la tradition du Prophète Mohammad PSL. D’ailleurs, il s’attela lui-même à les former dans ses nombreuses daaras créées, soit par lui-même soit par ses disciples qu’il avait formés. Ainsi, il fera des recommandations allant dans le sens d’encourager l’instruction et l’éducation des jeunes. En effet, la quête de la connaissance a été instituée comme un devoir aussi bien par le Saint Coran que par le message prophétique. Car seule la connaissance ouvre aux croyants les horizons du ciel et de la terre. Un hadith du prophète PSL dira : « L’un des droits de l’enfant sur son père est qu’il lui assure une bonne éducation, lui choisisse une bonne famille et lui donne un bon nom ». Ceci entre dans le cadre des droits fondamentaux de l’enfant.14

Cette tradition prophétique fait de l’enseignement un droit légitime, de même que sa gratuité pour les filles au même titre que pour les garçons. Ce qui est important ici, c’est le volet instruction qui a toujours préoccupé El Hadji Malick SY et la construction de mosquées. Il avait formé une armée d’érudits qui s’étaient répandus dans les différentes contrée du pays, afin d’y répandre la culture islamique. Eux-aussi mettaient sur pied des daaras et des mosquées pour la formation des jeunes.

Il tenait à leur instruction tout comme il tenait à la prunelle de ses yeux si l’on peut se permettre l’expression. En effet, il était conscient de l’importance que le Prophète PSL de l’Islam avait accordée à l’instruction. A la suite du Coran qui dit : « Il ne craint Dieu d’entre ses serviteurs que ceux qui ont la connaissance15 », le Prophète aussi n’a eu de cesse d’encourager la quête de la connaissance.

C’est ainsi que le nombre de hadiths du Prophète PSL qui incitent à l’instruction est tellement nombreux qu’il serait impossible de les citer présentement mais nous en citerons quelques-uns en guise d’illustration :

  • « Les savants sont les légataires des Prophètes. »

  • « Le meilleur des hommes est celui qui est croyant et savant. »

  • « Ceux qui sont les plus proches du degré de la prophétie sont les savants. »

  • « A toute chose, il est un pilier et le pilier de cette religion est le savoir ou fiqh16 »

Les hadiths sont on ne peut plus nombreux, et connaissant la pratique rigoureuse de Mawdo des traditions qui sont une partie indissociable du message divin17, surtout en sa qualité de grand imitateur du Prophète Mohammad, nous ne pouvions pas étonner qu’il fasse de l’instruction son sacerdoce.

Par ailleurs, Maodo recommandera aux jeunes d’avoir un amour filial envers leurs parents18 ; ce sont les mêmes recommandations qu’avait faite le père de Luqman dans le Coran lorsqu’il lui disait : « wa lâ taqullahumâ uffin… » ; D’ailleurs précise El-hadj Malick SY, le Coran abonde en conseils de ce genre par exemple dans la sourate Loqman.

Ailleurs dans « Fâkhiyatut-tullâb » parmi les devoir du disciple, le Cheikh dira au vers n° 304 : il est obligatoire pour le disciple de « Respecter les adultes (qui doivent en retour) avoir pitié des enfants en les aidants à mieux adorer Dieu19 ». Ce sont là quelques-uns des passages où El Hadj Malick SY évoque le comportement adéquat à avoir vis-à-vis des enfants. Il n’a jamais cessé de défendre leurs droits mais aussi de conseiller ses disciples à respecter ces droits.

  1. L’actualité de la pensée d’EL Hadji Malick SY :

Depuis toujours, sinon depuis son avènement, l’islam n’a jamais pu être dissocié de la vie sociale. D’ailleurs, c’est la principale religion qui n’a jamais pu s’empêcher d’exprimer les crises que vivaient les populations du monde musulman en général, et du Sénégal en particulier. C’est ainsi que l’histoire de la Tijâniyya- et par-delà elle – celle des représentants ne saurait être dissociée de celle du développement politique et social du Sénégal. La tarîqa Tijâniyya a donc toujours su manifester, parfois dans l’ombre, parfois au grand jour, un dynamisme face aux changements rapides et fondamentaux qui ont découlé tantôt de la domination coloniale, tantôt des progrès scientifiques et technologiques.

En effet, les domaines maraboutiques ont été durant l’époque coloniale des lieux de pouvoir, de résistance d’intégration mais surtout de défense de l’intégrité des masses religieuses. Partout où la Tijâniya s’est introduite, on a vu la naissance de sociétés nouvelles ayant un style de vie différent allant dans le sens de favoriser une grande chaîne de solidarité et d’entraide sociale20. Ce fut le cas dans la daara de Tivaouane, qui fut un de ces havres de paix – que constituaient les domaines maraboutiques- où venaient masse des populations à la quête de sécurité mais aussi de connaissances.

Il serait donc convenable de reconnaitre le rôle joué par la présence d’EL Hadj Malick SY dans les différents villages et villes où il a vécu et implanté des écoles coraniques mais aussi des mosquées. Parmi les raisons qui donneront du succès au message véhiculé par EL Hadji Malick, nous pouvons citer :

  • La résistance et la critique, voir l’opposition pacifique, à l’endroit des autorités de tutelle, à savoir la France qui n’a ménagé aucun effort afin de s’assurer à la collaboration du Cheikh,

  • Le changement des mentalités des populations grâce aux enseignements véhiculés par le Cheikh et ses frères dans ses daara,

  • La situation d’interdépendance entre le domaine d’EL Hadji Malick SY et le pouvoir temporel : cet état de fait menacé l’intégrité de ce dernier qui voyait en ce pouvoir spirituel un contre-pouvoir.21

C’est ainsi qu’El Hadj Malick SY, à l’instar des autres chefs de confréries religieuses, sera une figure de proue d’un mouvement social dans la situation de domination où se trouvaient les populations du pays.

Si l’œuvre, c’est ce qui dure au-delà du créateur, le Gamou en est une. C’est une œuvre multidimensionnelle initié par le fils unique d’Ousmane SY et de Fawade WELLE, EL Hadji Malick SY qui a eu à initier avant l’année 1900,22 en compagnie de ses grands disciples tels El Hadji Rawane NGOM et EL Hadji Malick SARR, pour ne citer que ceux-ci.

C’est dans ce cadre d’éducation et d’instruction permanente qu’entre cette commémoration de l’anniversaire de la naissance du prophète Mohammad PSL communément appelé « Gamou ». Cette fête est la plus grande occasion pour EL Hadji Malick SY- les daaras mise à part – de raconter la vie du Mohammad PSL mais aussi de toutes les actions accomplies par les femmes qui ont vécu avec lui. Nous pouvons en citer quelques-unes :

  • Khadija sa première épouse et son premier soutien ; celle-ci aura été la première femme à se convertir mais elle aura été la première personne à s’investir pour la réussite de la mission prophétique. Elle est un modèle de soumission aux désirs et actes de son mari.23 Dans ce cadre le Prophète a dit en répondant à une question posée par une femme nommée Asma « l’épouse la plus méritante à l’égard de son mari, c’est celle qui dans la justice et l’équité lui donne satisfaction en se conformant à tous ses ordres et désirs ». D’ailleurs ajoutait le Prophète Mohammad PSL « le respect de tout ceci équivaut à la participation des femmes à la guerre sainte ».

  • Aîcha sa jeune épouse qui avait mémorisé plus de la moitié des hadiths du prophète PSL ; d’ailleurs le prophète disait toujours à ses compagnons surtout aux femmes : « Allez puisez une partie de votre savoir auprès de cette petite rousse ».24 C’était une femme cultivée et respectueuse mais aussi dévouée à son mari. C’est là qu’un autre modèle sur laquelle les femmes qui suivaient le Gamou, devaient s’inspirer. Aîcha avait acquis beaucoup de connaissances au près du Prophète PSL qui lui enseignait beaucoup de choses. D’ailleurs n’est-ce pas le Prophète lui-même qui ne cessait de répéter les deux sentences qui suivent : « la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman ou toute musulmane25 » et « allez chercher la science jusqu’en chine ».

  • Amina, la mère du Prophète PSL, Halîmatu Sâdiya sa nourrice, peuvent aussi être citées comme des modèles pour les femmes d’autant plus qu’elles avaient été honorées dans l’Islam. Elles étaient d’ailleurs vertueuses et pieuses.

C’est ainsi que l’organisation des Gamou a toujours échu sur les épaules des femmes et elles sont en grandes parties les maîtresses de ce succès mais aussi de cette popularité que connaît aujourd’hui la cérémonie de commémoration de « Mawlid an-nabiwî » ou Gamou initié au Sénégal par El Hadj Malick SY. Et de son vivant la première dahira féminine fut créée, et pour leur soutenir, il leur offrit une pièce d’argent symbolique appelée « Dërem ngourde. »26

Dès lors, en lieu et place des « Mbootây », les femmes mettaient sur pied des associations religieuses appelées communément dahira. Et peu à peu, les « Tannebeers »27 laissèrent leur place aux « tours » de dahira. En outre le Gamou fut l’opportunité saisie par El hadj Malick SY, pour donner aux femmes et aux jeunes des leçons de bonne conduite. D’alleurs, il encouragea lui-même la première dahira mise sur pied par ces femmes, en leur donnant sa participation financière.28 Depuis lors, les dahira se multiplient.

D’ailleurs, ici à Dakar, les femmes se mobilisaient avec un grand entrain pour le Gamou ; avec à leur tête Sokhna Anta SALL, une des épouses de Seydi El Hadj Malick SY, elles organisaient les premières nuits de bourde dans la Zawiya d’El Hadji Malick SY.29 Ce sont elles, selon une de nos sources orales qui s’occupaient de la restauration des invités venus assister à la récitation du bourde jusqu’au neuvième jour où elles se rendaient à Tivaouane en compagnie de leurs hommes.30

Nous allons terminer en brossant le portrait de la femme tidiane modèle, en ce troisième millénaire où l’émancipation de la femme fait couler beaucoup d’encre et de salive ; au moment où l’on parle sans cesse du problème de l’autorité parentale, pourquoi tant de querelles, tant de tiraillement si l’on sait que l’autorité de la femme sur ses enfants a été instituée par le créateur Tout-Puissant ?

  • La première des qualités est que la femme doit être instruite ; elle doit apprendre le Coran, mais aussi et surtout elle doit avoir maîtrisé la signification des versets du Coran du moins ceux qui la concernent directement. Car le Prophète PSL rapporte un Hadith « Qudsî »31.

  • Une éducatrice doit être d’abord elle-même bien éduquée, afin qu’elle puisse mener à bien sa mission d’éducatrice.

  • Elle doit ensuite avoir un comportement décent, avec ses enfants dont elle est le modèle : l’enfant imite ses parents, donc si l’on veut que la femme influe sur ses enfants dans le bon sens, il faut qu’elle se comporte décemment.

  • Elle ne doit sortir de chez elle que si c’est nécessaire, elle ne doit pas imiter les femmes de la période antéislamique ; celles-ci étaient considérées comme des objets de plaisir, car elles s’exposaient au regard des hommes. Le même scénario se répète à notre époque.

  • Elle ne doit pas être complaisant dans ses propos, sauf si elle s’adresse à ses cognats : son mari, ses enfants, ses père et mère. Cela par crainte d’éveiller des désirs troubles en certains cœurs malsains comme le stipule le verset coranique.32

  • Elle doit s’abstenir, autant que possible, de sortir en plein jour et de marcher surtout au milieu de la rue, se mettant en situation de donner ou de recevoir des coups d’épaule à gauche ou à droite.

  • Elle doit surtout être bien vêtue, cacher toutes les parties de son corps excepté les mains et le visage. Elle doit être aussi pudique ; baisser même ses yeux afin d’éviter les tentations33.

  • Elle doit aussi être sincère (âdila en Arabe), qualité essentielle qui facilite son ascension vers les hauteurs et c’est une manière de se concilier les faveurs divines.

  • Elle doit être patiente et donc fréquenter souvent ceux ou celles qui invoquent le Seigneur matin et soir, afin de trouver son visage comme le stipule un verset coranique.34

  • Enfin, chers Frères et Sœurs en Islam, la femme doit s’acharner à s’élever vers son Seigneur, par conséquent elle ne doit ménager aucun effort pour sa bonne formation religieuse. Et cela au même titre que les hommes, car toutes les injonctions concernant les « Ibâdât » pratiques religieuses, en matière d’adoration de Dieu, s’adressent aux Hommes.35(Avec un grand H).

Elle doit approfondir ses connaissances en figh, mais aussi celles qui concernent les principes de la Târîqa Tijâniyya. Et cela à l’exemple d’Aicha RTA.

  1. Conclusion :

Pour conclure, nous dirons aux femmes : soyez des « dépotoirs » (seunn en Wolof), ne jamais écouter ou répondre aux calomnies et à la provocation. Cette attitude ne ferait que retarder votre ascension vers le Créateur Tout Puissant. Voilà chers Frères Sœurs en Islam les attitudes que doivent adopter les femmes de notre société actuelle dominée par ces crises morales, spirituelles et sociologiques. Le retour au message d’El hadj Malick SY s’impose et est plus que d’actualité.

1 Cf. Coulon, le marabout et le prince (Islam et pouvoir au Sénégal), édition, Pédone, Paris 1981.

2 Idem, p. 16.

3 Cf. MARTY (P), études sur l’islam au Sénégal, Paris, Ernest Leroux, 1917.

4 Il s’agit de la sourate « An-nisâ », de la sourate « Maryam », mais aussi de la sourate « Al-mujâdala et de la sourate « At-tallâq ».

5 Sourate Luqmân, V. 14.

6 Cf. « kifâya ar-râghibîn » ou Ce qu’il faut aux bons croyants, voir MBAYE (E.H.R) EL Hadji Malick SY, un pôle d’attraction entre le Shari’a et la Haqiqa, thèse de doctorat d’Etat, 1992.

7 Sur ce point précis, dira EL Hadji Malick SY : « Quiconque prétend avoir le privilège d’épouser plus de quatre femmes est un égaré qui fourvoie les autres et se trompe lui-même. Car les compagnons du prophète ont plus de mérite que lui. S’il prétend qu’il a accédé à un rang qui le lui permet. Qu’il sache qu’il invente des mensonges de toutes pièces aux yeux de Dieu, qui, du reste, ne saurait accorder à quiconque un grade pour qu’il lui désobéisse. » Voir la thèse de EL Hadji Ravane Mbaye.

8 Ce fut à l’occasion de la présentation du Dîwân » de Serigne Abdoul Aziz SY à l’institut islamique au courant du mois de mai 2002, par le Docteur Ravane MBAYE.

9 CF. Kifäya.

10 Idem avec la note 7, voir le chapitre VIII de la première partie de l’ouvrage EL Hadji Malick SY, traduit par l’auteur de la thèse.

11 Ces propos sont issus d’un hadith prophétique.

12 Cf. SAMB (A), Contribution du Sénégal à la littérature d’expression arabe, p. 365.

13 Cf. « Fâkihatut-tullâb » ou « Le fruit du sollicitant », texte établi, annoté, traduit par EL Hadji Ravane Mbaye, 2002.

14 Cf. Rapport final du Symposium des experts sur les droits et la protection des de l’enfant en l’islam, Djedda 19-21, Muharram 1415 (28-30 juin 1994, Organisation de la conférence islamique (O.C.I.).

15 Cf. Coran, le verset : « innamâ yakhshal Lâha mine ibâdihî al-ulamâ »

16 Cf. « Ihyâ ulûm ad-dîn » de l’imam Al-Ghazâli, Traduction.

17 En effet après le Coran qui est la première source de la jurisprudence islamique.

18 Idem avec la note suivante.

19 Cf. « Fâkihatut-tullâb » ou « Le fruit du sollicitant », texte établi, annoté, traduit par EL Hadji Ravane Mbaye, 42.

20 Cf. Coulon, Le marabout et le prince, op.cit.

21 C’est ce qui expliquait les différentes convocations des autorités coloniales, qui adoptaient une attitude suspicieuse à l’égard des marabouts en général et en particulière à l’égard d’EL Hadji Malick SY. Cf. Conférence organisée en 2002, au courant du mois de ramadan, par la cellule initiative Zawiya Tijâniyya à l’ENDSS.

22 Mais l’organisation officielle du Gamou eut lieu en 1902 à Tivaouane, mais le Gamou est centenaire depuis avant l’année 2002.

23 « wa’âchirû hunna bil- ma’rûfi », recommande Dieu dans le Coran. C’est-à-dire : « vivez avec elle dans la bonté et la tolérance, s’adressant aux hommes. Cela est réciproque, car hommes et femmes doivent se comprendre pour que le message soit stable.

24 « khuzû nisfa dînakum an hazîhil humayra », (transcription du hadith).

25 « talabul Ilm faridatun alâ koulli muslimin wa muslimatin »

26 Elles avaient conservées cette pièce dont nous avons une photographie, catalogue de l’exposition sur la vie et l’œuvre d’El Hadj Malick SY.

27 C’était des manifestations folkloriques organisées par les femmes, elles étaient faites d’amusements et de danses

28 Il leur donna une pièce appelée « Derem Ngourde qui était une pièce qui valait »…

29 C’étaient Khoudia Kâ, Soxna Sarr, Ndeupp Paye, Marième Diène, Adam Diagne Ndoumbé Gaye, Marième Ndoye

30 Nous avons recueillis ces informations auprès du feu Mbaye Bineta Paye, qui nous avez reçue chez lui à Rebeuss au courant du mois de Novembre 1996

31 « Ahrifûni qabla an tahbuduni, Kayfa ta’bûdûni in lam tahrifûni », cette parole rapporter par le prophète PSL est une injonction divine par rapport à la quête du savoir et de la connaissances des sciences religieuses

32 Idem

33 Cf. Coran, Sourat « al-ahzâb » ou « les coalisés », verset 32.

34 Cf, Sourate « Al-kahf » ou la « caverne », verset 28

35 Cf. Coran, Sourate « An-nahl » ou la « fourmi », Verset 97. Cf. aussi Sourate « Ali’Imran » ou la « famille d’Imrân», verset 195, Cf. sourate « Al-ahzaâb », verset 35.

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